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25 mars 2006

جريدة TELQUEL N°168 Par Khalid Tritki Energie. La

جريدة    TELQUEL

N°168

Par Khalid Tritki

Energie. La guerre du pétrole aura lieu

Pour une plus grande proximité
avec le client, le ditributeur doit
disposer d'une grande logistique (AFP)

La libéralisation du marché s’annonce déjà à travers les jeux de positionnement. La Samir s’offre une méga station d’hydrocraking, Akwa fusionne et les grands se battent pour les sites de stockage. Le secteur se prépare aux enjeux de la libéralisation.


Fin mars 2005, la Samir signe un contrat avec le consortium turco-italien Snamprogetti SPA et Tekfen. Objectif : construire le nouveau site d’hydrocraking de Mohammedia. Le contrat, portant sur 6 milliards de dirhams d’investissement, sera

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financé par Attijariwafa Bank et BMCE Bank, à hauteur de 3 milliards de dirhams et par des banques étrangères à hauteur de 2 milliards de dirhams. Le reste sera supporté par la raffinerie. La nouvelle station, troisième du genre en Afrique après celles de l’Afrique du Sud et de l’égypte, sera opérationnelle en 2008. C’est une date à retenir. Elle marquera un nouveau départ pour le secteur pétrolier au Maroc. Non seulement la raffinerie sera capable de produire du carburant à haute définition (moins de soufre, plus diversifié…), mais la nouvelle station permettra de baisser les coûts de production de 50 à 70%. Les banques qui financeront ce projet en savent quelque chose. Personne ne peut engager des milliards de dirhams dans un investissement aussi lourd sans avoir la certitude que le bénéficiaire sera capable d’honorer sa dette. Il y va de la fiabilité du système bancaire. La Samir offre cette garantie : son business plan prévoit du cash net de 2 milliards de dirhams par an. C’est énorme. Justement, de telles prévisions se basent sur une maîtrise du marché local et une offensive sur le marché régional. Or, la libéralisation de ce même marché pointe du nez. à partir de 2007, le marché sera libre. Les droits de douanes demeureront, mais à des taux faibles (6,3% selon l’accord qui lie l’état à Corral et 3% selon le programme établi avec l’UE). La grande ouverture du marché, quant à elle, est prévue pour 2010. N’importe quel opérateur du secteur pétrolier peut, à partir de cette date, importer du carburant raffiné. Que deviendra la Samir dans ce cas ?
Comme aux échecs, le marché suit un jeu de démarcation et de positionnement. Les distributeurs ouvrent le bal. La fusion des groupes Akwa et Oismine accouche d’un géant qui réclame 30% du marché. Sur les 7 millions de tonnes que compte la consommation nationale, ce taux pèse lourd. La présence de multinationales disposant de relais de raffinage au niveau de la Méditerranée est une donne à prendre au sérieux. Entre Shell et Total, la part des multinationales représente plus de 30%. Si ces deux pôles (Akwa et multinationales) de la distribution optent pour l’importation, la Samir coulera. Ce scénario, sans doute futuriste, ne prend pas en compte la capacité de réaction de la raffinerie. "Nous vivons au Maroc la même situation vécue auparavant par les pays de l’Europe de l’Est et par la Turquie. La libéralisation de leurs marchés n’a pas entraîné la fermeture des raffineurs", rassure d’emblée Jamal M. Ba-Amer, directeur général de la Samir. Ce dernier prépare ses pions pour un jeu plus serré et surtout plus "raffiné". Moulay Abdellah Alaoui, président de la fédération de l’énergie anticipe sur le coup du raffineur : "la Samir passera de la logique de production pure à celle d’un positionnement commercial qui nécessite une approche marketing agressive". Des distributeurs qui ont requis l’anonymat le formulent autrement : "la Samir nous devra les égards dus à un client". Le mot est dit. La Samir devra changer d’approche. Pour ce faire, Ba-Amer promet des prix qui défient toute concurrence. "La libéralisation du marché est une bonne chose et nous comptons consolider nos parts par une offre attrayante. Nos prix seront moins chers que ceux à l’import pour un produit aux mêmes standards internationaux", précise Ba-Amer. Voilà de quoi rassurer le marché.

Les stocks stratégiques ne sont pas respectés

Les distributeurs ne sont pas en reste. L’enjeu pour eux est d’être près du client. Et surtout de mettre l’offre carburant dans un package à valeur ajoutée. Ce qui explique que la tendance actuelle favorise la construction de grandes stations à multiservices. L’investissement sur ce chapitre est assez important. à titre indicatif, une station n’offrant que du carburant et des lubrifiants avec un minimum de service coûte 3 à 4 millions de dirhams. Les plateformes plus vastes et diversifiées dotées de restauration, de mini marché, de service mécanique et de lavage… mobilisent jusqu’à 15 millions de dirhams. Vu les faibles marges que dégage la vente de carburant, seules les grandes sociétés peuvent se payer ce luxe. L’avenir des petits distributeurs est donc menacé. Surtout que l’économie d’échelle repose entre autres sur la capacité de stockage. Plus la société fait appel à une logistique de transport, plus ses marges s’érodent.
Les gros distributeurs disposent, pour leur part, de grandes plateformes de stockage. Cela leur permet de jouer sur l’effet de masse. Ils ne se contentent pas des 75 jours de stockage stratégique exigés par l’état. Certains n’ont d’ailleurs jamais respecté cette obligation, sachant que l’état a prévu une subvention de stockage dans la structure des prix. L’explication de cette esquive est simple. L’état est un mauvais payeur. Pour preuve, en une seule année, la caisse de compensation doit verser 3 milliards de dirhams aux distributeurs. Les retards de paiement font que certains opérateurs se permettent des largesses avec la loi. C’est du coup pour coup. Sauf que cette fois-ci, il ne s’agit pas de stock stratégique. Il s’agit de déploiement commercial. Les grands du marché l’ont compris assez tôt. Afriquia carburant a anticipé par la réalisation des réserves de Jorf Lasfar. Un projet d’extension est en cours, pour arriver à plus de 100.000 tonnes de carburant (surtout du gasoil). Les multinationales disposent d’une capacité de stockage à Mohammedia de 200.000 tonnes. Des projets d’extension toucheront la capacité de Nador qui passera de 35.000 à 70.000 tonnes et une bataille est actuellement livrée pour le stockage à Tanger. Le lancement du terminal pétrolier à Tanger Med promet une lutte serré entre Akwa, Shell et Total. En outre, des indiscrétions parlent de projets de construction de sites de stockage régionaux. Afriquia Carburant vise Marrakech et le centre du Maroc. Pour prendre conscience de l’enjeu, il faut retenir qu’un site de stockage de 100.000 tonnes mobilise 150 millions de dirhams d’investissement, voire plus, selon la matière et les capacités globales du site.
Que peut faire un petit dans cette danse de géants ? Jouer au trouble-fête. Les spécialistes du secteur appellent cela le taux de passage. Il n’est pas nécessaire d’investir, il suffit de louer une part de la capacité de stockage. La formule peut être intéressante, mais tout dépend de l’usage du mastodonte propriétaire du site. Il reste à savoir si le fait de disposer d’une grande capacité permet de jouer sur les prix ? C’est la grande question. Personne ne sait si la libéralisation du marché sera suivie d’une libéralisation relative des prix. Relative, car l’état veillera à ce que les flambées des prix du pétrole ne touchent pas le prix à la pompe. L’idéal serait de disposer d’un prix plancher au dessous duquel, la concurrence sera possible. Pour l’heure, le ministère n’apporte pas de visibilité sur ce point.


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